« Je me tenais fièrement en tête de gondole d’un magasin de bricolage quand un couple m’a choisi.
Moi, Pablo à la couleur si originale, j’allais peindre la cuisine de Camille et Paul d’un magnifique rouge cerise. C’était leur premier appartement, je me suis appliqué. Mission accomplie : les amoureux étaient ravis. Mes loyaux services accomplis, j’ai été entreposé à la cave, encore plein de peinture. Longtemps. Puis j’ai été rejoint par une bouteille de solvant, un désherbant et un déboucheur de canalisations. La déprime.
Un beau jour de printemps, Paul nous a remontés, s’est assuré que mon couvercle était bien fermé et nous a déposés à la déchèterie, dans un bac spécifique car nous contenons des produits dangereux. Le gardien nous a triés et j’ai retrouvé mon ami Matisse, nous partagions la même étagère au magasin. Un gros camion est venu nous chercher et nous a déposé dans une plateforme de tri pour un dernier contrôle. C’est très sécurisé ici.
Tout est en ordre, direction le site de traitement dans le Nord (59) où mes matériaux seront séparés après cisaillage, broyage, déferraillage et criblage, pour que ma ferraille puisse partir en recyclage. Mes résidus de peinture seront préparés en combustibles pour alimenter les fours de cimenteries. Quelle vie ! »
Pablo, pot de peinture aux mille vies.
